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Hommage aux Harkis

Hommage aux Harkis

"Mesdames, messieurs,

C'était il y a longtemps. Il y a très longtemps. Avant que les vagues de nos souvenirs se perdent sous le sable immense du temps. C'était au temps de « la plus grande France », une magicienne qui avait jeté un sort dans nos cœurs.

Cette France avait des enfants de toutes races, de toutes religions, de toutes conditions. Elle s'étendait des plaines de Flandre au désert du Sahara. Elle se couvrait de granit en Bretagne et de façades blanches en Algérie. Nous l'aimions immense et universelle. Nous étions tous ses enfants.

Et quand certains ont décidé de l'attaquer, nombre de ses enfants, justement, se sont dressés. Parmi eux, les plus beaux, les plus fidèles, sans doute les plus courageux : je veux parler, évidemment, des Harkis.

Les Harkis ont cru que le rêve pourrait continuer. Ils ont cru aux promesses ; ils pensaient que cette grande France avait un avenir, entre les blocs, entre les idéologies. Oui, cette voie singulière de la France, ce chemin parmi les nations, ils étaient persuadés qu’il nous grandirait tous.

Les Harkis ont été trahis. Abandonnés au plus lugubre, au plus tragique des destins. Parqués comme des chiens en métropole, dans des camps indignes, ils ont dû vivre à l'ombre de la prospérité des Trente glorieuses.

Ils furent la tache indélébile que notre pays cachait sous la nappe de l'Histoire, la blessure la plus terrible.

Ceux qui n'avaient pas réussi à fuir la nouvelle Algérie dictatoriale connurent le martyr. La torture infinie sous le soleil des vainqueurs. Leurs corps suppliciés remplissaient les fosses de l'indépendance. Les Harkis n'étaient plus rien. Moins que des perdants, moins que tout. Les assassins du FLN, avec la complicité de quelques Français, les écrasèrent sous leur botte, jetant bébés, femmes, vieillards et hommes valides dans la fournaise de leur folie.

Cette histoire me hantera éternellement. J'ai honte pour ma France. J'ai honte pour cette mère qui, l'espace d'un été maudit, a détourné les yeux de ses meilleurs enfants.

Pour moi, les Harkis furent une rencontre personnelle, intime. Leur façon de chérir notre langue, leur façon de résister, d'aimer, de vivre coûte que coûte. Quelle leçon ! Ils sont la France, la France dans son essence, celle du défi, du panache, celle qui se moque de l'air du temps et des fossoyeurs de la grandeur.

Je crois que mon ami, mon cher ami, mon frère Nourredine, ici présent, symbolise tout cela. Je vais vous faire une confidence, quelque chose que j'ai sur le cœur. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi français que lui. Son sang est bleu-blanc-rouge. Pour Nourredine, notre drapeau n'est pas qu'un drapeau, c'est une relique. Une sainte relique.

Nourredine est l'exemple même de ce qui aurait pu se passer entre Européens et Musulmans si la France avait choisi une autre direction. Ensemble, nous aurions été tellement plus forts !

Le torrent des années a passé, il a inondé les mémoires. C'est maintenant la décrue. Soyons optimistes car le pessimisme ne sert à rien. Je suis sûr qu'un jour notre pays aura le courage de réexaminer son passé. Je suis sûr que les Harkis retrouveront enfin la place qu'ils méritent, oui Nourredine, qu'ils méritent, que tu mérites, dans notre longue histoire. Et cette place, elle est dans les bras de leur mère, de notre mère la France.

Merci à tous. Merci Nourredine, merci pour ce que vous avez fait, pour ce que tu as fait, pour Béziers et pour la France !"

Hommage aux Harkis

Robert Ménard, maire de Béziers

Dernière mise à jour de la page : 01 avril 2021

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